John Alvin : l’homme qui donnait une âme aux affiches de films
De Blade Runner à E.T. l’extra-terrestre, ses créations ne sont pas de simples images mais de véritables portes d’entrée dans l’univers des films qu’elles illustrent.
Lorsque vous pensez aux affiches de films iconiques des années 80 et 90, il y a de fortes chances que l’une d’elles ait été réalisée par John Alvin (ou par Drew Struzan).
Son talent pour capturer l’essence d’un film en une seule image a marqué des générations de spectateurs. Il ne créait pas seulement des affiches : il concevait des portes d’entrée vers des mondes fantastiques, où l’émotion et le mystère invitaient le public à entrer dans l’histoire avant même que les lumières de la salle ne s’éteignent.
De Blade Runner à E.T. L’Extra-terrestre, en passant par le Roi Lion, Aladdin ou encore Batman, John Alvin a signé plus de 135 affiches qui ont contribué au mythe du cinéma hollywoodien.
Des débuts prometteurs
John Alvin est né en 1948 à Hyannis, dans le Massachussets. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par le cinéma. Il passe des heures à observer les publicités des films dans les journaux et à dessiner des scènes inspirées des films qu’il adore.
Il intègre le Art Center College of Design de Los Angeles, où il affirme son style et développe une approche visuelle narrative qui influencera toute sa carrière.
Son premier grand succès arrive en 1974, lorsqu’il est chargé de réaliser l’affiche du film Blazing Saddles (Le Shérif est en prison), une comédie de Mel Brooks. Sa capacité a capter l’humour et l’énergie du film dans une simple illustration attire l’attention des studios.
C’est le début d’une longue collaboration avec Hollywood.
Un style reconnaissable entre mille
L’oeuvre de John Alvin se distingue par une approche uniquement qui mêle réalisme et onirisme. Son style, souvent qualifié de « cinémagique » repose sur plusieurs éléments clés :
1. L’utilisation de la lumière
Alvin avait un talent particulier pour jouer avec les lumières et les contrastes. Ses affiches semblent presque briller de l’intérieur, créant une atmosphère mystérieuse et captivante. L’affiche d’E.T, une de ses oeuvres les plus connues, fait le parralèle avec le divin à travers sa lumière et sa composition : la lumière du doigt de l’extra-terrestre et le rappel de la fresque de Michel-Ange symbolise ainsi le lien entre l’humanité et l’inconnu.
2. Une narration en une seule image
Alvin ne se contentait pas d’illustrer un film, il en racontait déjà l’histoire en une seule image. Ses affiches évoquaient des thèmes forts sans tout dévoiler, suscitant la curiosité du spectateur. Alvin utilisait souvent des éléments graphiques et des symboles pour condenser l’univers du film dans une forme stylisée.
3. Une atmosphère émotionnelle forte
Contrairement aux affiches modernes, souvent basées sur des montages photo numériques, les oeuvres de John Alvin dégagent une chaleur humaine, une émotion palpable qui attire immédiatement l’oeil.
L’affiche de la Belle et la Bête ou encore les tests pour le Bossu de Notre-Dame font partie des plus beaux exemples. La silhouette des personnages est entouré d’un halo de lumière capturant la romance et le mystère du film.
4. L’effet « Alvinesque »
Son style était si unique que le terme « Alvinesque » a été inventé pour designer ses compositions. Cela désigne une affiche qui semble raconter une histoire en un seul regard, avec une lumière dramatique et un effet de mouvement subtil.
John Alvin et ses affiches ont marqué l’histoire du cinéma hollywoodien
Au fil des années, John Alvin a travaillé avec les plus grands studios, notamment Disney, Warner Bros, Universal et Lucasfilm. Parmi ses oeuvres les plus célèbres :
L’affiche d’E.T – l’extra-terreste (1982)
Certainement une des affiches les plus iconiques du cinéma, avec le doigt lumineux touchant celui de l’enfant sous une pleine lune bleutée.
Blade Runner (1982)
Une composition dense et atmosphérique, fidèle à l’univers néo-noir du film.
L’affiche de Gremlins (1984)
Une affiche intrigante où l’on voit une boite entrouverte, laissant entrevoir une étrange lumière bleutée. Pour l’anecdote, E.T est bien présent sur l’affiche de Gremlins au travers du bouton de pantalon. Il faut bien zoomer !
Les affiches teaser du Second âge d’or de Disney
Le Second âge d’Or de l’animation Disney correspond à la fin des années 80 et des années 90 où les succès se sont enchainés : La Petite Sirène, Aladdin, Le Roi Lion, La Belle et la Bête et Le Bossu de Notre-Dame. John Alvin a travaillé sur toutes les affiches teaser de ces films. Jeffrey Katzenberg, Président de la division animation de Disney dans les années 90 disait à propos de John Alvin : « D’une manière ou d’une autre, John a réussi à capturer l’émotion d’un film entier dans une seule image. Ses magnifiques affiches sont devenues les points d’ancrage de nos campagnes marketing. Elles n’ont pas seulement incité les gens à aller voir ces films, elles nous ont incités à en faire la promotion. »
Un héritage toujours vivant
John Alvin est décédé en 2008, mais son impact sur le monde de l’affiche de film hollywodien reste inégalé. Son travail continue d’inspirer les graphistes et illustrateurs du monde entier. Chez Beyond, nous admirons encore et encore son oeuvre à travers le livre The Art of John Alvin qui offre un regard fascinant sur son processus créatif.
Aujourd’hui, alors que de nombreuses affiches de films sont produites numériquement et tendent vers l’uniformisation, l’héritage de John Alvin rapelle à quel point une illustration soignée peut devenir une oeuvre d’art intemporelle. Son travail rappelle une époque où une affiche de film n’était pas qu’un simple support marketing, mais une véritable invitation au rêve.
Comme bon nombre de projet, de nombreux illustrateurs ont proposé leurs visions pour les équipes marketing des films. Même si les affiches sortis sont parfois signées par une autre personne, John Alvin a parfois travaillé sur ces campagnes. Vous pouvez retrouver une collection complète de son oeuvre (visible et invisible donc) sur le site officiel qui lui est consacré.
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