Drew Struzan : l’art de l’affiche du blockbuster hollywoodien
Il y a des artistes dont les œuvres s’impriment dans notre mémoire de manière indélébile. Drew Struzan fait partie de cette catégorie.
Son nom est indissociable des affiches les plus iconiques du cinéma, de Star Wars à Indiana Jones, en passant par Retour vers le futur et E.T. l’Extra-Terrestre. Drew Struzan, c’est l’illustrateur des blockbusters hollywoodiens des années 80 et 90 (tout comme son homologue John Alvin).
De l’affiche publicitaire à l’affiche de films
Né en 1947 à Oak Harbor, dans l’État de Washington, Drew Struzan n’est pas un artiste venu de l’industrie du cinéma. Au contraire, son parcours a été marqué par une série de rencontres et de choix artistiques qui l’ont amené à se distinguer dans un milieu où l’illustration servait principalement de simple support publicitaire. Après avoir étudié l’art, Struzan a commencé sa carrière en travaillant sur des couvertures de livres et des illustrations de publicités.
Sa première commande majeure arriva à la fin des années 70, lorsqu’il réalisa l’affiche du film The Sweet Ride en 1968. Bien que le film ne fût pas un blockbuster, ce projet marqua un tournant dans la carrière de Struzan. Sa capacité à capter l’âme du film en une seule image le propulsa vers de plus grands projets. Ce qu’il savait faire, c’était peindre des portraits d’âmes en mouvement. L’émotion d’un personnage, d’une scène, d’un film… tout cela devait transparaître dans un regard, un éclairage, une position. Pour Struzan, une affiche ne pouvait pas se contenter d’attirer l’attention ; elle devait raconter une histoire.
La fusion unique de réalisme et de cinéma
Drew Struzan s’est fait connaître dans les années 80, alors que le cinéma d’aventure et de science-fiction connaissait un essor fulgurant. Ses affiches pour des films comme Star Wars, Indiana Jones, et E.T. l’Extra-Terrestre sont devenues des objets cultes. Ce qui rend son travail particulier, c’est la façon dont il a réuni les qualités du réalisme classique et la dynamique du cinéma épique.
À la différence de nombreux illustrateurs de son époque qui cherchaient à simplifier ou à styliser les personnages, Struzan avait une approche méticuleuse du détail. Ce n’était pas seulement une question de rendre un visage reconnaissable, mais de créer une connexion émotionnelle instantanée avec l’audience. Le regard de ses personnages — de Luke Skywalker à Indiana Jones — est toujours un moment clé dans ses affiches. « Je ne veux pas juste dessiner des visages, je veux que chaque personnage raconte une histoire, qu’il ait une vie propre », expliquait Struzan.
Il n’est pas seulement un illustrateur, mais un narrateur visuel. Il comprend que l’affiche devait traduire l’âme du film, non seulement par les personnages mais aussi par les lumières et les ombres. Pour lui, une affiche était une scène figée, où chaque élément jouait un rôle dramatique.
Un des aspects les plus caractéristiques du travail de Struzan, outre l’utilisation de la lumière, est sa représentation très réaliste des personnages. Drew Struzan est connu pour ses illustrations très détaillées et son usage de la peinture traditionnelle. Il privilégiait la peinture à l’huile et la gouache pour créer des portraits très réalistes, imprégnés d’émotion. Il savait jouer sur la profondeur des visages, les contrastes lumineux et l’aspect presque tangible des personnages. L’approche de Struzan était souvent épique et émotionnelle, comme on le voit dans ses affiches pour Star Wars ou Indiana Jones : ses personnages sont représentés avec une intensité qui traduit non seulement le rôle du personnage mais aussi une part de l’essence du film.
Quelques exemples des affiches de Drew Struzan
Star Wars : L’Édition Spéciale (1997)
Cette affiche, réalisée pour la réédition en salles de la trilogie originale, est une composition parfaite du style Struzan : personnages emblématiques peints avec un effet lumineux presque mystique, une dynamique pyramidale et des tons dorés qui donnent un aspect intemporel à l’image. Notons aussi le travail de perspective pour établir une connexion avec les 2 autres volets de la saga. George Lucas était tellement satisfait du travail de Struzan qu’il lui a demandé d’imaginer les affiches pour la prélogie Star Wars.
La trilogie Retour vers le futur (1985-1989)
L’illustration montre Marty McFly, une jambe à l’extérieur de la DeLorean, regardant sa montre avec un air stupéfait. Le fond est rempli de flammes laissées par la voiture temporelle. Un usage parfait de la lumière et des couleurs chaudes pour transmettre le dynamisme du film.
Indiana Jones (1984-2008)
Struzan a conçu les affiches des 4 premiers volets. La palette chaude et dorée évoque l’aventure et le mystère. Harrison Ford a tellement aimé les affiches de Struzan qu’il a gardé une copie personnelle de chacune d’elles. Steven Spielberg et George Lucas, également fans, ont souvent fait appel à lui pour leurs films. Le logo avec sa typographie inclinée et son dégradé jaune-orange emblématique, a été conçu par Mike Salisbury, un autre illustrateur célèbre. L’affiche du premier volet a été conçu par Richard Amsel.
Drew Struzan et la fin de l’âge d’or des affiches traditionnelles
Les années 90 et 2000 ont marqué une transition importante dans le monde de l’illustration cinématographique. L’ère des affiches peintes à la main s’est peu à peu estompée au profit des créations numériques. Mais, à ce moment-là, Struzan, resté fidèle à ses méthodes traditionnelles, n’a pas cherché à suivre la vague. Bien qu’il ait accepté d’adapter son travail à la nouvelle technologie, il demeura attaché à son approche artisanale.
« Aujourd’hui, il est plus facile de faire une affiche avec des logiciels, mais cela ne remplace pas la magie du pinceau et de la peinture. Une affiche peinte à la main a une âme », déclarait Struzan dans une interview. Son respect pour le métier d’artiste et son refus de céder à la facilité de la création numérique témoignent de l’intégrité de son travail.
Aujourd’hui, bien que Struzan ait pris sa retraite, ses œuvres continuent d’influencer des artistes, des illustrateurs et même des réalisateurs. Son approche narrative de l’image, sa capacité à capturer l’essence d’un film et à l’élever à l’état d’art font de lui l’un des plus grands noms de l’illustration cinématographique. Son portfolio est à découvrir sur son site.
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